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Mercure rétrograde : qu'est-ce que ça signifie ?

À l’aide de nombreux exemples, Mathilde Fachan déconstruit les clichés sexistes qui nous emprisonnent et propose des outils pour pratiquer une astrologie moderne et résolument engagée. Dans cet article tiré de son livre "Le zodiaque a-t-il un sexe ?", elle nous explique ce que l'expression populaire "Mercure rétrograde" signifie.

Qu’est-ce qu’une rétrograde ? Depuis la Terre, on a habituellement l’impression que les astres avancent toujours dans le même sens, celui du Zodiaque, de Bélier à Poissons. Or, certaines planètes vont parfois « rétrograder » pendant quelques semaines ou quelques mois, telle une voiture qui s’arrêterait pour engager une marche arrière, avant de repartir dans le bon sens. Il s’agit d’une illusion d’optique : bien sûr, dans l’espace, les astres ne freinent pas pour reculer. Mais c’est pourtant l’impression que nous en avons depuis notre planète bleue. Pendant une rétrograde, on prête à l’astre des valeurs plus timides, plus méditatives, comme une personne en randonnée qui aurait l’impression de faire fausse route et reviendrait sur ses pas en doutant et en réfléchissant à son erreur. Les rétrogrades ne sont pas des phénomènes dramatiques d’un point de vue symbolique : parfois, on a besoin de faire des pauses, des bilans, de se tromper un peu pour s’assurer qu’on a pris la bonne décision.

Voici un résumé des différentes rétrogrades astrologiques :

– Mercure rétrograde : l’astre de la communication et des transports est moins assuré. La communication serait challengée (lapsus, erreurs d’envois, oublis d’agenda…), les retards plus nombreux (poste, transports…), les bugs également.

– Vénus rétrograde : l’astre des relations sensibles et de l’esthétisme est moins assuré. On réfléchit à ce qu’on investit dans ses relations (ce qui peut provoquer des
ruptures mais aussi de belles décisions positives et agréables), dans son plaisir et dans son apparence.

– Mars rétrograde : l’astre de l’action est moins assuré. Les décisions prises et les actions menées peuvent être moins évidentes et amener leur lot de contradictions, de frustrations ou de colère. Mais parfois, c’est un mal pour un bien de devoir repousser !

– Jupiter rétrograde : l’astre de l’intégration et de l’amplitude sociale est moins assuré. On l’observe surtout dans la sphère professionnelle et politique, et dans l’actualité.

– Saturne rétrograde : l’astre de la prudence et de la restriction est moins assuré. Ça peut justement lever les freins et faciliter certaines réalisations ! Comme Jupiter, on l’observe surtout dans la sphère professionnelle et politique, et dans l’actualité.

– Quant à Uranus, Neptune et Pluton, on les observe uniquement sur le plan mondial car ces astres sont excessivement lents.

Depuis quelques années, les mèmes (images généralement humoristiques diffusées sur Internet par le biais des réseaux sociaux) concernant Mercure rétrograde sont devenus légion. Mais le phénomène est récent : d’un point de vue purement astrologique, il s’agit d’un évènement courant qui se produit trois fois par an ! Mercure porte des valeurs certes importantes (on préfère quand la communication est fluide et les transports opérationnels) mais plutôt cérébrales et mentales. Bien entendu, rater notre avion ou envoyer le mauvais mail à notre boss nous embarrassent peut-être sur le coup, mais c’est typiquement le genre d’évènements que l’esprit trie et met de côté rapidement. Personnellement, j’observe l’engouement autour de Mercure rétrograde avec malice : la plupart des non-initié·e·s et des débutant·e·s en astrologie ignorent que Mercure n’est pas la seule planète qui rétrograde, loin de là. Et pourtant, c’est lui qui a su attirer la hype ! Pas Vénus, pas Mars…
Non non, Mercure, astre des télécommunications et des messageries, de la tchatche et des informations.

Qu’est-ce que cela pourrait dire de notre société ? Que nous sommes hyper connecté·e·s pour le meilleur comme pour le pire, sur-sollicité·e·s par nos appareils et par la société de médias, courant après nos rendez-vous et nos métros, vérifiant l’heure dans les embouteillages, remplissant nos agendas électroniques jusqu’à imploser, jusqu’à nous tromper de destinataire, à nous sentir mortifié·e·s lorsqu’on envoie un énième mail sans pièce jointe.


Les rétrogrades ne sont pas synonymes d’apocalypse imminente, ou alors la fin du monde se produit plusieurs fois par an… Mais ce phénomène rappelle l’importance des cycles, des périodes plus ou moins propices. Il nous invite à prendre du recul – dont notre société, toujours en quête de vitesse et d’efficacité productive, manque cruellement.