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La plantation en pleine terre

Pépiniériste dans le Gard, Miriam Quissac, guide le lecteur à travers de nombreux conseils qui viennent ponctuerle livre "Cultivez vos agrumes" et en profite pour partager ses agrumes coup de cœur.

La réussite de la culture d’un agrume passe par le choix de l’espèce et de la variété, ainsi que par celui du porte-greffe, tout en tenant compte du climat, mais aussi de la nature du sol. Ce choix fait, la plantation est très simple, pour peu que vous respectiez quelques règles de base.

La bonne période

La quasi-totalité des agrumes du commerce est fournie en conteneurs. On rencontre encore rarement des plantes en motte, dans une terre lourde, souvent en provenance du sud de l’Italie ou d’Espagne, et encore plus rarement des sujets à racines nues, à éviter absolument. En règle générale, la bonne période pour la plantation se situe vers le début ou la mi-mai, lorsque tout risque de gelée, même brève, est écarté. Dans les régions les plus douces, comme le sud de la France ou le littoral atlantique, elle peut également se faire à l’automne, lorsque la terre est encore suffisamment chaude pour la production des premières racines.

Le bon sol

Les agrumes ont besoin d’un sol profond, car ils poussent sur une grande racine principale, le pivot. En même temps, ils produisent un abondant système racinaire superficiel étalé. La terre idéale doit être riche en humus (elle s’entretient avec une bonne fertilisation) et surtout drainante, car si les agrumes ont de gros besoins en eau, ils détestent son accumulation. Le pH doit être neutre à légèrement acide, c’est-àdire entre 6 et 7 (voir le chapitre consacré au porte-greffe, page 60).

Le bon emplacement 

Un agrume est en place pour des dizaines d’années, au moins 50 ans et souvent plus, et il ne supporte pas la transplantation (du moins, cette opération est délicate pour l’amateur). Le choix de l’emplacement est donc définitif.

  • Donnez-lui l’endroit le plus chaud du jardin, en plein soleil pour une bonne floraison, mais abrité des vents pour épargner les fruits, le feuillage et éviter le dessèchement.
  • Évitez les situations où l’humidité a tendance à se concentrer, comme les bords de rivière et de pièce d’eau, ainsi que les fonds de vallon encaissés.
  • La frondaison des grands arbres apporte un gain de protection : à leur abri, les écarts de températures sont bien moins marqués, ce qui est très appréciable en hiver.
  • Tenez compte des dimensions de l’arbre adulte : en général, il faut lui accorder 5 à 6 m en tous sens. Dans le cas d’un jardin de petite taille, où la place est comptée, la solution est de choisir une plante greffée sur Poncirus trifoliata ou FA5, qui donne de plus petits spécimens. Vous pourrez alors réduire la distance à 2 m, en complétant par une taille régulière.
  • Le tuteurage est nécessaire seulement pour les arbres formés en tige haute : c’est principalement le cas des agrumes destinés aux espaces verts (tel que le bigaradier), la plupart des agrumes pour le jardin étant formés en gobelet et portés par une demi-tige ou un quart de tige.

 

La terre de plantation 

Sauf si votre terre est d’une grande qualité et répond à tous les critères cités plus haut, un petit coup de pouce au démarrage, lors de la plantation, sera bienvenue. Dans le trou de plantation (d’environ 3 fois le volume de la motte), apportez un mélange composé pour moitié de terre d’extraction et pour moitié de terreau de qualité, additionné de quelques pelletées de compost ou de fumier de cheval bien décomposés. Façonnez ensuite une double cuvette d’arrosage (voir ci-contre) et le tour est joué !

Corriger votre terre

Commencez par faire une analyse de sol : vous trouverez des tests en jardinerie pour la réaliser, avec tous les conseils nécessaires.
• Une terre trop acide ? Rectifiez avec de la chaux et de la dolomie ou de la cendre de bois.
• Une terre trop calcaire ? Amendez-la avec de la terre de bruyère, de la tourbe, et forcez sur une fertilisation azotée.
• Une terre trop argileuse et lourde ? Incorporez du sable.
• Une terre trop légère ? Apportez fumier, terreau, terre de jardin ou humus.

Photographie : Myriam Quissac